“A la sainte Catherine, tout bois prend racine”.
Tous ceux qui s’intéressent un peu à la nature sous nos latitudes connaissent le vieux dicton !
Même si la date est un peu dépassée, nous profitons de l’exceptionnelle douceur de cette fin d’automne pour planter des haies en bordure de nos vignes : érable champêtre, pommier franc, lilas commun, cornouiller sanguin, viorne obier, laurier tin, arbre de Judée, viorne lantane, prunier, troène et autre noisetier bourgeonneront dès le printemps prochain.
Planter : depuis que l’Homme est passé de la cueillette et de la chasse à la culture de la terre, il n’a eu de cesse de semer et de planter. Mais plus encore que semer, planter est une action qui engage dans la durée, qui projette dans le temps. Pour les arbres comme pour la vigne, celui qui plante n’est pas toujourscelui qui récoltera au fil du temps. On ne plante pas pour soi : en plantant on s’inscrit dans la longue lignée des paysans qui entretiennent l’espace naturel.
Passe encore de planter de la vigne, dont on pourra récolter les raisins et en espérer un vin délicieux, mais des haies ? Avec des arbres et des arbustes? Qui, pour la plupart, non seulement ne produisent aucun fruit digne de ce nom, et surtout concurrencent les cultures voisines pour l’eau et les minéraux? Voilà bien un geste parfaitement inutile ! C’est du moins ce que l’on a cru pendant des années, ce que l’on a parfois enseigné dans les écoles d’agriculture et ce que pensent encore de nombreux agriculteurs.
Mais les choses changent et l’on revient à un peu plus de raison.
La richesse est dans la diversité : ce vieux principe s’applique pleinement dans la nature et plus encore dans la nature cultivée par l’Homme. C’est la fameuse biodiversité dont on parle beaucoup ces temps-ci.
La vigne est une monoculture. Une même plante, reproduite à des milliers d’exemplaires, dans un environnement restreint, favorise naturellement les populations de ravageurs. Au contraire, tout ce qui accroît la biodiversité végétale dans et autour des vignes améliore par la même occasion la biodiversité animale et rétablit les chaînes alimentaires.
En plantant des haies, nous faisons par exemple le pari qu’à terme, plus d’oiseaux fréquenteront notre vignoble, et feront davantage la chasse aux petits papillons indésirables qui ont la mauvaise idée de s’en aller pondre dans les grappes (voir épisode précédent !).
Oh, bien sûr, nous n’avons pas la naïveté de croire que tout sera réglé ! Les équilibres ne se décrètent pas, ils sont à construire petit à petit. Mais tout ce qui peut les améliorer doit être fait, pour le plus grand bénéfice du milieu naturel, et donc aussi le nôtre, qui vivons en son sein.
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