Les magnifiques journées de cette fin octobre, même si la température s’est un peu rafraîchie, pourraient nous inciter à vendanger encore. Mais il n’y a plus rien sur les souches : seulement des feuilles et, deci, delà, un grappillon. Tout au plus peut-on apercevoir quelques grappes oubliées… C’est sans doute ce que notre sage et expérimenté professeur de techniques agricoles appelait “le tribut de l’agriculteur à la nature” !
De ces vendanges 2014 on retiendra sans doute la belle arrière-saison qui a permis de compenser un été particulièrement humide. Alors, direz-vous, s’il a fait beau, la récolte doit être excellente ?
Ce n’est pas tout à fait aussi simple. Avec la nature, tout n’est pas blanc ou noir : si le beau temps de septembre et d’octobre a effectivement permis d’éviter le pire, quelques petites pluies, le plus souvent orageuses, ont entretenu l’humidité, nous obligeant à récolter certaines parcelles un peu plus tôt que nous ne l’aurions souhaité, la pourriture menaçant la qualité des raisins rouges, surtout les Duras et les Syrah. Ajoutez à cela quelques vers de la grappe, avec une espèce nouvelle qui a fait son apparition, plus une quantité importante de drosophiles (la fameuse mouche du vinaigre) dopées par un hiver doux, un été humide et un automne chaud, tout cela venant s’additionner au mildiou particulièrement virulent cet été ainsi qu’aux nombreuses cicadelles (petit insecte piqueur qui provoque des grillures sur feuilles) et vous comprendrez que ces vendanges n’ont pas été des plus simples à conduire.
Rassurez-vous, nous avons fait front : 24 jours de vendanges manuelles, la plupart du temps passés à séparer le bon grain de l’ivraie, record battu !
Un grand merci à toute l’équipe des vendangeurs qui n’a ménagé ni son temps ni sa peine.
En cave, tout ce travail dans les vignes a porté son fruit : si le millésime n’est pas des plus grand il devrait néanmoins se situer dans la bonne moyenne, avec des vins fruités et une belle ampleur pour les meilleures cuvées. Nous avons une nouvelle fois tout vinifié sans sulfite. Il y aura donc à nouveau une cuvée Esquisse, mais il est encore un peu tôt pour en parler, les décuvages ne sont pas terminés !
Les Vendanges Tardives promettent d’être magnifiques, avec une superbe concentration des Loin de l’Œil, doublée d’une belle acidité. Tout ce qu’il faut pour faire un grand millésime! Patience, patience, les moûts fermentent encore…
Et comme il se doit nous avons terminé ces vendanges par le traditionnel repas… des vendanges, que nous avons pris l’habitude d’accompagner de vins récoltés et vinifiés au domaine 10 ans auparavant (cette année donc 2004).
La coutume est bonne ! Elle nous permet de ne pas oublier que si le vin est fait “de peine, de sueur et de soleil cuisant” (nous l’avons encore bien vérifié cette année !), il trouve son plein accomplissement dans la fête, la convivialité et le partage. C’est ce qui le rend unique : existe-t-il un autre produit alimentaire capable comme lui de transformer en Joie la peine et le travail ?
Assurément non !
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