Voilà un mot que l’on n’emploie pas très souvent dans le langage quotidien. Si c’est la première fois que vous entendez parler de lui, vous êtes tout à fait pardonnables : c’est en effet un terme essentiellement viticole, donc un peu technique. Vous conviendrez aisément que, la vigne et le vin faisant partie du patrimoine français, il était absolument nécessaire que nous comblions cette possible lacune. En avant donc pour un peu de (viti)culture générale…
“La véraison”, de qu’es aquò ?
Il s’agit simplement du début de la maturation des fruits et plus particulièrement des raisins et par extension de leur état de maturité (à la fois le résultat et le processus). Les baies changent progressivement de couleur, l’acidité diminue et les sucres commencent à s’accumuler. Ce stade est facile à repérer pour les raisins rouges, dont les anthocyanes colorent la pellicule.
C’est un peu plus difficile à voir pour les blancs, qui deviennent d’abord translucides puis passent par toutes les nuances du vert au jaune.
Nous avons cherché à savoir d’où provenait ce mot bizarre, et comme le dictionnaire historique de la langue française (Robert) ne le mentionne même pas (c’est un scandale!), internet a été d’un plus grand secours. Il semblerait que “véraison” provienne de l’adjectif latin “varius” (moucheté, tacheté, bigarré), avec une idée de coloration variée (ancien français “vair”). On retrouve en occitan ce radical “vair” dans les mots pour dire la véraison : “vairada” (prononcer vaïrado) pour le résultat et “vairason” (prononcer vaïrasou) pour le processus. On est bien dans le changement de couleur, avec une notion de taches et de nuances. Si un distingué linguiste lit ces quelques lignes, ses commentaires seront les bienvenus!
La date de véraison est scrutée avec grand intérêt par les vignerons, car elle donne une idée du début des vendanges, environ quarante jours après. Les premiers grains changeant de couleur ont pu être observés chez nous autour du 15 août : nous ne commencerons donc pas les rouges avant le 25 septembre. Année tardive en perspective… N’en déduisons pas trop vite que le millésime ne sera pas bon : si nous bénéficions d’un bel automne, les vins peuvent être excellents, d’autant que la récolte s’annonce faible en quantité.
Le plus gros du travail est fait : il faut désormais laisser mûrir les raisins. Tout au plus peut-on faciliter la maturation des baies en pratiquant un peu d’effeuillage pour laisser pénétrer l’air et la lumière dans les souches, et surveiller que nos amis les vers de la grappe ne viennent pas grignoter dans les grappes.
Une fois de plus, nous mettrons tout en œuvre, avec nos modestes moyens humains, pour obtenir les meilleurs raisins capables de donner d’excellents vins. La Nature dicte son rythme et le Climat impose ses aléas, mais le vin, le bon vin, c’est l’Homme qui le crée!
La lecture de vos propos ” viticoles ” est toujours un enrichissement et un plaisir
pour moi,sancerrois de naissance et de patronyme bourguignon. Pour le grand dictionnaire encyclopédique Larousse , que votre propos m’a poussé à consulter, véraison est un mot dialectal du moyen français ” vérir “, commencer à murir. Je vous signale, sans aucune prétention ou contestation de ma part, ce qu’en dit l’encyclopédie.
Merci pour votre recherche, qui éclaire et complète la nôtre.