Bonheurs et malheurs du printemps 2021 !

27/04/2021

Comme vous, nous pensions avoir vécu une année 2020 suffisamment éprouvante pour envisager 2021 sous de meilleurs auspices. Comme si la pandémie ne suffisait pas à nous déstabiliser, un gel de grande ampleur s’est abattu sur la France entière et n’a pas épargné nos vignes du gaillacois. Au Domaine Rotier, où le thermomètre affichait -3,7°C au matin du 13 avril, les dégâts sont sérieux : environ 80 % de jeunes pousses grillées sur les blancs et 50 % en moyenne sur les rouges, selon nos premières estimations.

Gel sur jeune vigne
Dégâts sur jeune vigne
Un grillé, l'autre non !
Un grillé, l’autre non…

Un gel historique

Il faut remonter trente ans en arrière, en 1991, pour retrouver trace d’une aussi grande catastrophe naturelle. Elle était sans doute même pire, car survenue une semaine plus tard, sur une végétation encore plus avancée et avec des températures plus basses, autour de -7°C. Nous avions fait cette année-là environ 1/3 d’une récolte normale. Peut-être arriverons-nous à une demi-récolte cette année. L’expérience, si elle ne console pas, permet au moins de relativiser…

Dans d’autres vignobles cependant, le gel s’est reproduit plusieurs fois ces cinq dernières années. Ces catastrophes naturelles, gels, sècheresses, grosses chaleurs, orages violents, l’agriculteur ou le viticulteur a appris à vivre avec depuis le néolithique et les débuts de la culture des terres. Si on ne les accepte pas, impossible de tenir dans ce métier. Mais ce qui est nouveau, c’est leur soudaineté, leur répétition, leur intensité et donc leur violence.

Changement climatique

Ces évènements nous conduisent à penser que le changement climatique est bien là. Jusqu’à présent le réchauffement général a produit de bons millésimes, du moins sur les six dernières années. Nous n’avions donc pas encore eu d’effets trop néfastes. Mais il se pourrait bien que cela change. Si l’on rapproche cela de la pandémie en cours, on s’aperçoit que ces deux problèmes, apparemment très différents, sont liés. Nos activités humaines, lorsqu’elles sont prédatrices dans la nature, engendrent de funestes conséquences en cascade, dont nous commençons à percevoir les dégâts sous nos latitudes. Auparavant ils restaient confinés à d’autres régions du monde. Mais on a beau savoir, tant qu’on ne les vit pas…

Il y aurait de quoi se décourager. L’observation de la nature, et particulièrement de la vigne, qui reverdit déjà, nous redonne un peu de joie. Ce ne sont pas encore les rameaux gelés qui repartent, mais ceux qui ont été épargnés qui poussent à la faveur du beau temps revenu. Et voir la vie qui reprend le dessus, cela fait toujours du bien !

Jeunes pousses de Duras lumineuses

La vie continue !

Si je gel a grillé des jeunes rameaux et diminué notablement la promesse de récolte, il n’a pas anéanti nos projets de ce printemps !

Avril est en effet un mois propice aux plantations. Nous avons donc planté une rangée d’arbres, pour la plupart fruitiers, entre deux parcelles de vigne. Destinés à embellir le paysage, à favoriser la biodiversité, à créer un meilleur micro-climat, ils viennent compléter les haies que nous avons installées tout autour du vignoble il y a quelques années. Et puis, ces vieilles variétés, aux noms évocateurs de Reinette dorée, Rouge précoce de pays, Tardif du Soulié, Prune de sainte Catherine ou encore Trompe geai, sauront peut-être nous donner aussi quelques fruits…

Voici une vidéo pour voir le résultat en images !

Nous avons également replanté une parcelle de Syrah, à la place d’un Cabernet arraché il y quelques années. N’ayez crainte, nous n’abandonnons pas nos cépages locaux, mais la Syrah fait aussi partie des cépages principaux de l’AOC Gaillac et sur nos terres de graves, elle complète à merveille notre chouchou, le Duras. Voici également la plantation en images en cliquant sur la vidéo ci-dessous.

Evènements heureux et malheureux se succèdent au fil des jours, le Domaine Rotier ne fait pas exception ! Mais en la contemplant, la nature nous enseigne que la vie est puissante. Et c’est toujours magnifique de la voir renaître au printemps. Un vrai bonheur, dont on ne se lasse pas…

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